Dans quel espace économique êtes-vous ou serez-vous ?
Voici une évaluation et réflexion pour comprendre votre position sur le marché et déterminer votre « rôle » dans la structure économique et sociale. Il est crucial de ne pas se tromper sur la nature de votre action et l’objectif de votre création ou de votre projet. Vous trouverez quelques notions de comptabilité analytique qui vous permettront de vous familiariser avec l’évaluation d’une entreprise et d’analyser son fonctionnement.
En effet, notre société connaît une complexification croissante de sa structure productive, et il est donc primordial de bien la connaître. Où vous situez-vous dans cet espace économique ?
– Êtes-vous une petite entreprise ?
Une entreprise de petite taille qui est liée au marché par le biais de la sous-traitance industrielle ou de l’externalisation des compétences dans le secteur des services, des activités qui étaient auparavant intégrées aux grandes entreprises ou institutions ? Dans ce cadre, nous retrouvons également les associations et les coopératives qui sont directement ou indirectement financées par l’État ou les départements dans le cadre de la gestion de certains services et institutions. Elles fonctionnent selon les mêmes mécanismes que ceux du marché, en se basant sur l’externalisation pour réduire les coûts et flexibiliser le fonctionnement.
Se développer dans ces espaces économiques nécessite une grande lucidité pour bien entamer votre aventure économique et personnelle. En effet, la subordination aux « donneurs d’ordres » ou aux « entreprises sous-traitantes » peut être une solution viable à condition de connaître à l’avance votre rôle. Il est important de comprendre que dans des situations difficiles pour votre secteur, en période de crise économique ou de délocalisation, vous serez les premiers touchés par d’importantes réductions de bénéfices et de marges, et il se peut même que vous deviez travailler à perte pour faire face à ces dynamiques du marché et à vos charges. Vous serez en concurrence avec d’autres petites entreprises qui se trouveront également en difficulté. Cela s’applique également au monde associatif et coopératif, car les réductions de financements ou de subventions auront le même impact sur votre trésorerie.
– Ou bien êtes-vous une start-up ?
Une entreprise innovante à la recherche de fonds d’investissement importants, avec un fort potentiel de croissance économique. Cependant, la phase de recherche et développement de produits innovants, de tests d’idées, de validation de technologie ou de modèle économique présente un risque d’échec très élevé en raison de son caractère novateur, de sa petite taille et de son manque de visibilité.
– En ce qui concerne les plateformes d’intermédiation
il s’agit de plateformes qui donnent accès à des prestataires de services non-salariés moyennant une commission. Ces plateformes ont souvent un monopole ou un oligopole dans leur secteur. Elles investissent massivement dans des systèmes algorithmiques pour contrôler l’espace en ligne et ainsi attirer des clients potentiels. Lorsque vous êtes lié à une telle plateforme, vous bénéficiez d’une continuité de travail, mais vous n’avez jamais la gestion directe des clients. Vous exécutez vos services en facturant les prix établis par la plateforme, ce qui peut parfois ne pas correspondre au temps réel que vous consacrez à votre travail, et cela peut ne pas couvrir non plus l’ensemble de vos charges. Vous serez ainsi obligé de travailler davantage pour une rémunération identique, ce qui se traduit par une baisse de vos revenus.
Pourquoi avons-nous brièvement abordé ces modèles économiques ? Nous avons exposé ces configurations productives afin de vous permettre de prendre conscience de votre position par rapport à ces marchés et d’estimer les contraintes et les opportunités qui en découlent. Il est essentiel d’évaluer votre capacité de travail, votre trésorerie, vos charges et vos revenus afin de réussir pleinement dans vos projets.
Effectivement, il est possible d’avoir le statut d’entreprise tout en étant une structure d’externalisation des compétences. Cela signifie que vous effectuez un travail qui serait normalement réalisé par un salarié, mais vous le déléguez à des prestataires externes pour réduire les couts salariaux . Cependant, malgré un temps de travail considérable, vos revenus se limiteront à un salaire très modeste une fois que vous aurez payé toutes vos charges de fonctionnement et sociales.
D’autre part, si vous êtes une entreprise de sous-traitance ou de services, malgré vos investissements et un temps de travail intense, si vous calculez vos heures travaillées et vos responsabilités par rapport à votre salaire et à vos bénéfices, vous constaterez que vos revenus se rapprochent de ceux d’un jeune cadre débutant.
En effet, nous constatons que dans certaines situations, le « travail à perte » est devenu un moyen de survie pour de nombreuses entreprises. Cette problématique se retrouve également dans les structures associatives et les coopératives, qui sont contraintes de réduire la qualité de leurs services ou d’embaucher du personnel moins qualifié.
Dans le contexte actuel de croissance de la flexibilité et de fragilisation de la relation d’emploi, nous observons de nombreuses expériences de création ou de fonctionnement d’entreprises qui se retrouvent rapidement dans cette situation : elles perdent les avantages du salariat tout en ne bénéficiant pas des avantages d’une entreprise, ce qui les oblige à augmenter constamment leur temps de travail et leurs charges sans augmenter leurs revenus ni leurs bénéfices.
Le temps de travail, les investissements, les engagements financiers et la couverture sociale adéquate en cas de maladie ou d’accident du travail sont des éléments essentiels à analyser afin de construire un parcours économique favorable permettant de s’épanouir. Il est crucial de prendre en compte ces aspects pour garantir un développement économique solide et équilibré.
Laissez libre cours à votre imagination et embarquez avec nous pour concrétiser vos projets ! Nous sommes là pour vous aider à affronter ces situations et/ou à changer de cap afin de donner vie à de nouvelles aventures.
Quelques notions de comptabilité analytique
Calcul d’un seuil de rentabilité ou point mort
Il s’agit de déterminer le niveau minimum d’activité de l’entreprise pour que l’exploitation soit équilibrée. Le seuil de rentabilité CA (chiffre d’affaires critique) représente le chiffre d’affaires avec lequel l’entreprise couvre la totalité de ses charges sans pertes ni bénéfices.
L’objectif de la méthode est de rechercher le niveau de ventes à atteindre pour que les charge fixes soient couvertes.
En appelant « marge sur coût variable » la différence entre le chiffre d’affaires et les charges variables, le résultat peut se calculer de plusieurs façons :
Résultat = CA – Charges totales ou Résultat = Marge sur coût variable – Charges fixes
Analyse de la décomposition charges fixes et charges variables
Les charges fixes représentent les charges qui restent stables indépendamment du niveau d’activité de l’entreprise. Les charges variables sont celles qui varient en fonction de son chiffre d’affaires.
Charges variables proportionnelles : consommations de matières, petit outillage, électricité, certains coûts salariaux (les commissions des vendeurs), etc.
Charges variables non proportionnelles : charges administratives, amortissement bâtiment, main-d’oeuvre mensualisée, personnel d’encadrement, primes assurances, frais de commercialisation, etc.
La mesure du risque d’exploitation
Le risque d’exploitation est lie à la proportion des charges fixes d’exploitation dans l’ensemble des charges.
Si les niveaux d’activité prévisionnels se situent très au-dessus du seuil, on dira que le risque d’exploration est faible et inversement.
L’approfondissement de la relation liant « chiffre d’affaires » et « coût fixe » permet de mieux comprendre le comportement d’une entreprise face à son environnement de marché. Cette connaissance est utile pour modifier le ratio Charges variables/Charges fixes.
Les méthodes d’évaluation fondées sur la valeur patrimoniale
Cette méthode statistique fondée seulement sur les actifs ne constitue pas aujourd’hui la méthode la plus appropriée pour valoriser les entreprises. Son utilisation est possible pour les entreprises en phase de maturité, achetées en raison de leurs actifs et leur savoir-faire et non pour le potentiel de croissance de leur rentabilité.
La valeur patrimoniale s’applique mal aux entreprises à forte croissance dont la valeur patrimoniale est faible. Il est donc indispensable de réaliser, en complément de cette approche patrimoniale, une valorisation du « goodwill » correspondant à l’actif intangible qu’une entreprise dégage nécessairement. La mesure du goodwill permettra de tenir compte de la rentabilité de l’outil de l’entreprise.
La notion de Goodwill
La valeur de l’entreprise n’est pas toujours égale à la différence entre une somme d’actifs moins les dettes. Il est nécessaire d’y ajouter des actifs immatériels non comptabilisés, appelés Goodwill.
Nous pouvons citer : la valeur des personnels (niveau de qualification, faible abstentionnisme, compétences techniques des employés, faibles mouvements d’entrées et sortie du personnel, relation entre la direction et le personnel), les éléments liés à la valeur de la clientèle de l’entreprise, les éléments liés à la valeur des relations avec les banques, les éléments liés à la valeur des fournisseurs de l’entreprise, les éléments liés à la valeur des relations avec les organismes sociaux, l’administration fiscale, les syndicats…
Évaluation des catégories des biens incorporels
Un actif incorporel est un actif identifiable non monétaire, sans substance matérielle. Les méthodes d’évaluation sont fondées sur la valeur d’utilité, considérée comme la capitalisation de revenus futurs: pour les marques par exemple la « méthode de la capitalisation de la redevance » est une méthode que détermine le montant des redevances futures (nettes d’impôts) que percevrait le titulaire de la marque, s’ il avait consenti une licence à un tiers, sur la durée de vie estimée de la marque. Le principe de prudence conduit par ex. à traiter l’essentiel des dépenses de recherche comme des charges et non comme des actifs. Sur les marchés financiers, on peut observer un écart croissant entre les valeurs de marché et les valeurs comptables (ou patrimoniales).
Les analystes estiment que la valeur immatérielle d’une entreprise peut représenter jusqu’à 70-80 % de la valeur totale.
Le capital humain (35%) le capital structure /organisation (23%) et les barrières à l’entrée (15%) L’évaluation par les revenus futurs nets actualisés, qui prend en compte l’actif considéré, reste la méthode préconisée par nombre de cabinets spécialisés.
Le fonds de commerce
Pour l’évaluation du fonds de commerce, il est possible d’avoir recours à des barèmes par profession établis généralement en fonction du chiffre d’affaires ou du bénéfice.
Or, l’utilisation des barèmes par profession doivent être sensiblement réduits dès que le chiffre d’affaires atteint une somme importante. Les stocks sont exclus de l’évaluation et doivent être évalués distinctement ; l’évaluation finale doit intégrer des corrections au barème pour tenir compte des caractéristiques propres à l’entreprise.
Le fonds de commerce est composé par l’ensemble des éléments mobiliers corporels (matériel, marchandises…) et incorporels (droit au bail, nom de l’enseigne, clientèle). Parmi tous ces éléments, la clientèle représente le plus important ; celui sans lequel le fonds ne saurait exister.
Exemples
Nature du commerce : Restaurant
Barème utilisé (en fonction du CA ou du bénéfice). Restaurant de moyenne gamme à Paris évalué : de 60 % à 90 % du CA annuel. En Provence : de 60 % à 85 % du CA annuel.
Nature du commerce : Réparation de cycles- motocycles. Evalué : de 20 % à 30 % du CA annuel.
Le calcul de la création économique de valeur
Le profit économique est la différence entre le résultat économique après impôt et une charge capitalistique qui est destinée à rémunérer les apporteurs de fonds.
Cette charge capitalistique se calcule en multipliant l’actif économique d’ouverture (immobilisations nettes plus le besoin en fonds de roulement) par le coût moyen pondéré du capital.
Le profit économique est donc égal à :
Résultat d’exploitation retraité + Solde financier encaissable – Impôts
= Résultat économique après impôt
– (Actif économique d’ouverture x CMPC) avec CMPC = Coût moyen pondéré du capital
= Profit économique (EVA) Economic Value Added.
CMPC (Coût moyen pondéré du capital) : c’est une moyenne des coûts des capitaux engagés dans l’exploitation de l’entreprise : capitaux propres et dettes financières.
Des ajustements doivent être faits pour obtenir un profil vraiment économique. En pratique, les cabinets d’évaluation se limitent aux retraitements qui influencent le plus significativement le résultat.
Le solde encaissable sur opération financière est calculé hors considération des intérêts des emprunts, les frais de recherche, déduits du résultat de l’année, sont assimilés à des investissements et amortis généralement sur 5 ans, le loyer est retraité sous forme d’une dotation aux amortissements et d’une charge financière.
Le résultat est également net d’amortissement sur les équipements, lesquels sont considérés comme un coût qu’il faut gérer.
Le passage du résultat économique à l’EVA se fait en soustrayant la charge de capital.
Le résidu est donc bien l’excédent (ou insuffisance) des profits par rapport aux coûts (y compris le taux minimum de rendement des fonds propres).
Glossaire
La valeur patrimoniale regroupe différentes estimations concernant le prix que l’on peut tirer de la vente d’un bien.
L’amortissement en comptabilité est la répartition du coût d’acquisition d’un actif sur l’ensemble de sa durée d’utilisation estimée.
Les immobilisations nettes sont obtenues comme la différence entre les immobilisations à leur valeur d’achat (immobilisations brutes) et les amortissements.
CMPC (Coût moyen pondéré du capital) c’est une moyenne des coûts des capitaux engagés dans l’exploitation de l’entreprise : capitaux propres et dettes financières. Le Coût moyen pondéré du capital est donc un indicateur économique, représentant le taux de rentabilité annuel moyen attendu par les actionnaires et les créanciers, en retour de leur investissement.